Conseil d’Etat : la marge de manœuvre de l’Etat en difficulté

Conseil d’Etat : la marge de manœuvre de l’Etat en difficulté

Le Conseil d’Etat a tiré aujourd’hui un bilan, évidemment positif, de sa législature qui coïncide avec une nouvelle majorité de gauche. Investissements, élargissement des prestations, réussites en votations, etc. Le gouvernement se félicite des résultats et du suivi de sa feuille de route de la législature. Si le PLR ne remet pas en cause le bilan de la feuille de route, il partage modérément l’enthousiasme ambiant du Conseil d’Etat quant au futur. Ce qui peut s’apparenter aujourd’hui à des succès aura certainement des conséquences néfastes pour le canton sur le long terme. Car si une image de consensus semble se dégager de cette législature, la tendance des décisions prend clairement un chemin teinté de gauche qui n’augure rien de bon pour la santé du canton et sa marge de manœuvre d’investissement.

Finances, investissements et économie

L’effort considérable que le canton consent actuellement dans de nombreux investissements, que la majorité de gauche s’attribue aujourd’hui, ne doit qu’à la stabilité financière que le ministre des Finances a su rétablir en diminuant la dette depuis une dizaine d’année. Cette situation risque de ne pas pouvoir durer. En effet, depuis 2012, le canton a vu sa dette reprendre l’ascenseur. Il dépense plus qu’il n’encaisse. Enfin, l’augmentation endémique du social dans le canton, qui est devenu le premier poste au budget – dépassant la formation –, obère la gestion des autres départements. Dès lors, il faut craindre que la marge de manœuvre à long terme de l’Etat n’en prenne un sérieux coup et que la note de triple AAA du canton ne prenne du plomb dans l’aile. Le PLR n’a eu de cesse de tirer la sonnette d’alarme dans ce dossier. Traité de Cassandre plus d’une fois, le PLR constate aujourd’hui qu’il avait malheureusement raison.

Si la RIE III cantonale a été un tel succès, c’est surtout le fruit d’un travail de longue haleine de Pascal Broulis, que le consensus cantonal n’a fait que confirmer. La période économique actuelle laisse pourtant planer une incertitude juridique avant tout distillée par les initiatives de gauche, le franc fort, mais aussi les résultats de l’initiative du 9 février. D’ailleurs, très peu d’entreprises se sont installées dans le canton depuis 2012, reflétant la mentalité du gouvernement, quand bien même ces entreprises alimentent les caisses de l’Etat. Le PLR salue donc les démarches de Philippe Leuba pour maintenir un tissu économique varié et pour soutenir aussi bien les entreprises que l’agriculture, sans quoi la situation serait bien plus préoccupante encore. En matière de santé, le dossier du CHUV se révélera explosif tant ses finances et sa gestion laissent entrevoir des lendemains qui dé- chantent. Parallèlement, un conflit couve au sujet des médecins, des attaques sont menées contre les cliniques privées et l’initiative sur les soins dentaires ne ferait qu’élargir le social dans le canton. Tout n’est donc pas blanc.

Augmentation démographique et besoins

La population vaudoise augmente indéniablement ce nécessite de nombreuses mesures d’adaptation. Néanmoins, la courbe prise par le social ne répond aucunement à cette augmentation, mais répond plus à une volonté d’arrosage qui est dangereuse, tant les dépenses dans d’autres départements ont été réduites. Pour répondre au besoin de développement, les communes sont aujourd’hui dans une situation préoccupante, en raison d’un aménagement du territoire rigide imposé par Berne. Le fait que la majorité ait décidé de ne plus assumer ce dossier compliqué, après avoir soutenu la LAT, peut être souligné. Depuis son accession à ce département, Jacqueline de Quattro tente de tourner le SDT au service de ces communes plutôt que l’inverse. Elle trouve des solutions vaudoises dans les mesures des libertés laissées par Berne, bien que la gauche prône trop souvent les solutions extrêmes.

Le succès des contre-projets à « Sauver Lavaux » ou à la LPPPL, sont bien plus des succès à mettre sur le compte du travail du Grand Conseil qui a, à plusieurs reprises insatisfait, dû renvoyer le projet au Conseil d’Etat avant qu’une solution soit trouvée. Dans le domaine sécuritaire, les prisons, malgré de nombreux appels, souffrent encore et toujours d’un manque de place. La cacophonie dans le dossier de la mendicité a aussi été inquiétante. Seul point positif, la mobilité dont les mannes fédérales permettent d’adapter les besoins de la population. L’initiative FORTA, fruit du travail du conseiller aux Etats Olivier Français, permettra aux agglomérations de s’accroître et de développer une intermodalité dans les transports.

De manière générale le PLR se montre donc prudent à l’heure du bilan du Conseil d’Etat vaudois. Les nombreux signaux précités montrent combien l’équilibre est fragile. En quelques années, la marge de manœuvre de l’Etat risque d’être bloquée. Si le visage du gouvernement n’est pas rouge écarlate à l’heure du bilan, certains virages pris sont clairement rose tendent à peindre un tableau qui s’avérera beaucoup plus sombre dans quelques années.


Contacts

Frédéric Borloz, Président du PLR Vaud, +41 79 204 43 30
Philippe Miauton, secrétaire général du PLR Vaud, +41 79 277 68 41